Un coin de paradis

« Hello sweet heart, Hello baby girl. You’re beautiful do you know that ? You’re so lovely».*

C’est fou ce que le voyage avec un bébé change les relations à l’Autre. On ne cesse de s’arrêter pour regarder dans « la drôle de petite poussette ». Et naturellement, un sourire béat figé sur les lèvres, on nous adresse la parole et s’engagent alors de longues conversations.

Une écossaise* expatriée à la Réunion depuis 14 ans n’a eu de cesse de nous parler, de jouer avec Louise et de nous conter son Ecosse natale avant et après le vol. Tandis qu’on déambule dans les allées du Super U de l’Etang Salé les Hauts à la recherche d’une pitance pour le soir même, une dame et sa fille viennent voir Louise. Et on se met à discuter naturellement du voyage,  de l’île, de mon père ce réunionnais et de la « Réunion lontan »…

ret1Le vol de 11h s’est admirablement bien passé. Un petit pleur de ci de là histoire de et près de 8h de sommeil pour Louise. Une vraie voyageuse en herbe. Moins de 3h de sommeil pour nous et des cernes. Ah si on pouvait tous avoir ce genre de berceaux qu’on fixe aux parois pour les bébés…

A 7h35, les roues du Boeing 777 en provenance de Paris Orly touchent le tarmac chaud des pistes de Roland Garros. Sous nos yeux ébahis, les hauts de Saint Denis s’étalent tandis qu’en arrière plan, se découpant parfaitement sur un ciel bleu azur, se dressent fièrement ces montagnes tant aimées, tant attendues. Derrière, tout un monde nous tend les bras. La Créolie. Enfin !

Mon portable à peine branché sonne dans ma poche tandis que l’on attend nos sacs. Le loueur de la voiture nous attend, il faudra le rappeler dès qu’on peut. A peine sortis, je le rappelle « on s’attend à côté de la boite aux lettres ! » me dit-il. Quelle boite aux lettres ? Pas compliqué, il n’y en a qu’une. Guy s’éclipse avec lui le temps de faire les papiers. Au retour, il me présente notre voiture « routarde »: un rétro qui tient avec un petit morceau de carton, un feu arrière cassé et une clé avec « circuits apparents ». Pas la peine d’essayer, l’ouverture centralisée ne marche plus depuis longtemps. Et puis pour le constat « vous inquiétez pas, on est pas à une rayure près ». Mais la voiture est livrée avec un cosy bébé tout de même.  D’un autre âge certes, mais aux normes. Tout ça fera bien l’affaire ! On embarque nos affaires et notre princesse – qui n’a pas cessé de sourire à tous les passants dans l’aéroport – et on se met en route vers l’Etang Salé. On roule les fenêtres grandes ouvertes, les bras à l’extérieur, les cheveux aux vent (surtout moi) en écoutant les ragots sur Radio commérages (Radio Freedom) tandis que Louise en profite pour piquer un petit somme. On traverse Saint Denis, puis on arrive sur cette fameuse route en corniche dont un certain Michel a très peur (« Moin la peur mi di a ou, moin la peur mi di a ou, pass la route en Corniss’… »). Le goût des vacances nous cingle le visage en même temps que les embruns emmenés par les vagues. Avec les kilomètres, les panneaux défilent et nous rappellent autant de souvenirs. La Montagne, Plateau Caillou, le Port, la Possession, Saint Paul, Saint Gilles, l’Ermitage.

Puis l’Etang Salé est en vue. Deuxième rond point à gauche, et à droite derrière le petit stade m’avait dit Brigitte. Notre point de chute sera donc cette petite maison  jaune à l’ombre des palmiers à 200m de la plage. Un vrai petit paradis.

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Ni une ni deux, on troque nos tenues de randonnée contre des shorts et deux paires de Birkenstock. Louise sous le bras, on file vers la plage. On sait que là, à l’ombre des filaos, des baraques à bouchons et bonbons piments nous attendent. On engloutit goulûment des samoussas en dégustant notre première COT au citron. La Réunion lé la ! Au loin, juste avant la dernière dune qui s’ouvre sur la plage, un panneau rappelle que la baignade peut être dangereuse. Des requins bouledogues ont déjà tué ici.

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Cette première journée passe très vite. La maison est vide, il faut aller faire des courses. Je décide de compliquer l’affaire en m’offrant, gratuitement, une brûlure au 1er degré sur les doigts de la main droite. Juste pour le plaisir ! On file chercher une pharmacie et je déguste méchamment en ravalant ma douleur silencieusement tandis que le sympathique – mais lent – pharmacien dégingandé regarde mes doigts, l’air dubitatif en me répétant que « non non, la biafine ça n’ira pas. Hmmmm… qu’est-ce qu’on pourrait mettre là-dessus ? Faut hydrater hein c’est sûr… on peut pas savoir là hein. Si ça cloque, faudra aller voir le médecin. Montrez voir ? Ah oui ça va peut être bien cloquer… bon, qu’est-ce que je peux vous donner…? » (pendant ce temps, je trépigne et me tord de douleur discrètement). Tout ça pour m’annoncer qu’il n’avait plus de stock et qu’il faut donc trouver une autre pharmacie. Je remonte alors en voiture, Guy appuie sur le champignon tandis que je laisse mes doigts prendre le vent par la fenêtre. Je sais que vous vous demandez tous quel est l’épilogue de cette histoire alors je ne vous fais pas attendre davantage: ça n’a pas cloqué et je peux même me resservir pleinement de mes doigts pour appuyer sur le déclencheur de l’appareil photo !  En revanche mes doigts ont un genre de « bronzage agricole » assez étonnant… Pour une fois que ce n’est pas Guy qui se retourne le pied ou se fait une torsion du dos dès le premier jour !

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Après 9h d’un sommeil bien mérité, un petit déjeuner sur la terrasse au soleil, on a tous embarqué dans la voiture destination: l’Entre Deux ! Même s’il parait que dans l’avion, la cabine est pressurisée comme si l’on se trouvait à 2000m, nous avons décidé de monter progressivement en altitude pour Louise. On commence par 800 à 900m aujourd’hui et on grimpera un peu plus chaque jour, aidés par notre super altimètre qui ne nous lâche plus d’une semelle ! On visite le bourg de l’Entre Deux, charmante commune nichée (comme son nom l’indique) entre deux rivière cachées au fond de remparts spectaculaires.

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L’Entre Deux à reçu le label « village créole »: on trouve en effet ici une belle concentrations de magnifiques cases créoles et de villas bourgeoises coloniales. Les vues sont à couper le souffle ! On se perd gentiment en déambulant dans le village.

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Et puis, au détour d’une ruelle, notre nez est attiré par une odeur familière… ça sent le rougail là-dedans ! Il est 1h de l’après midi après tout alors pourquoi pas. On prend deux barquettes à emporter, avec lentilles et rougail pistache et tandis qu’on s’assoit sur un banc à l’ombre d’un arbre, Guy a déjà le visage luisant de salive. Inutile de vous dire que le rougail était délicieux.. en revanche, chaque barquette peut facilement nourrir une colonie de scouts. On en laisse la moitié qu’on mangera ce soir ! Tant pis pour le petit chien chiffon qui nous avait rejoint, l’air de ne pas y toucher, pour éventuellement finir le fond de nos assiettes !

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On prend notre temps en redescendant vers le littoral pour apprécier chaque vue tant sur la montagne que sur la mer. Les points de vue sont absolument magiques ici et on se laisse vite griser par l’atmosphère de l’île… mais on se dépêche, on est attendus en bas ! Marraine et Tonton (90 et 83 ans au compteur) nous attendent et nous serrent fort dans leurs bras tandis qu’on passe le portail du 12, allée des Palmiers. Louise fait du charme à Tonton qui ne peut s’empêcher de la prendre pour l’emmener se promener tout en lui faisant des bisous dans le cou.

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Des petits tours dans les bras de Marraine, un petit jus et déjà la nuit tombe. Il est 17h30 ! On pourrait parler des heures, mais il faut rentrer laver et nourrir la patate !

Demain, on a un beau programme qui se profile…

Merci à tous pour vos commentaires !!

Céline, Guy & Louise

 

6 réflexions sur “Un coin de paradis

  1. Snif ! Vous me faites trop envie ! Mais je suis heureuse pour vous 3. Même sans les images, les mots décrivent parfaitement l’ambiance et le temps de cette merveilleuse île. Continuez à nous faire sentir et ressentir vos belles vacances. Bisous !

  2. Nous sommes déjà dans l ambiance quel talent!
    La petite patate a encore fait du charme, ils sont tout attendris le tonton et la petite marraine.
    Gros bisous.

  3. Superbe magnifique au fur et à mesure que je lis nous sommes avec vous continuez à nous faire voyager en tout cas Louise a l air d être complément à l aise
    Ici il fait gris et il pleut…….

  4. Et voilà ! Une fois encore, vous me donnez faim ! Un vrai paradis culinaire en plus du beau paysage ! Le récit de vos voyages est tellement bien écrit que s’en ait aussi joli que les photos. Bizz au trio globe-trotteur !

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