A l’Est, rien de nouveau

Bonjour à tous !

Un classique indémodable lors d’un séjour à l’île de la Réunion ? Le Tour de l’île. Un excellent moyen de prendre la mesure de cette magnifique petite île. On se laisse porter en suivant le ruban de bitume qui zigzague entre les bourgades, les lieux dits et les champs de canne. On avale les kilomètres en roulant toujours plus loin vers l’Est, passant des champs jaunes dorés au vert luxuriant de la côte au vent. Et puis quand un panneau nous interpelle (La pointe de la Table, le Cap Méchant, Notre Dame des Laves…), hop on met le clignotant, on bifurque et on file voir ! On peut multiplier les arrêts à l’infini. Etant cette année accompagnés d’une petite nouvelle dans l’équipe, on a levé légèrement le pied et sacrifiés quelques étapes classiques réputées fournies en moustiques pour se concentrer sur d’autres espaces.

A 11h hier matin, on a mis le cap à l’Est donc pour rallier 5 grandes étapes dans le Sud Sauvage de l’île. Notre première étape a été la somptueuse plage de Grand’Anse.

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Du sable blanc, des cocotiers, une mer turquoise et des falaises qui tombent dans la mer pour encadrer le tout. Un vrai coin de paradis où l’on ne profite cependant que de l’herbe pour pique-niquer ! L’eau est dangereuse tant elle est agitée et les courants tireraient au loin les malheureux qui tenteraient de s’y aventurer. Personne ne se baigne à Grand’Anse ! On profite du beau temps pour regarder les rouleaux déferler et Louise voit pour la première fois l’océan dont le bruit l’intrigue tout autant que le mouvement. On se remet en route pour l’étape suivante. Plus on avance et plus le temps se dégrade. Ce n’est donc pas un mythe: à l’Est, il pleut ! 

On décide de faire un arrêt au fameux Cap Méchant où le vent souffle tout ce qu’il peut et pousse les vagues contre les parois vertigineuses de la côte. En résultent des montagnes d’eau qui montent parfois haut vers le ciel dans un vacarme assourdissant. Un spectacle dont on ne se lasse guère ! Le vent hier était particulièrement violent et il pleuvait. Genre à l’horizontale vous voyez ? Parapluie, capuche, rien n’y fait : le cheveu frise irrémédiablement et transforme toute coupe de cheveux soigneusement laquée de bon matin en tas de choucroute humide et sauvage. Mais bon, le spectacle est sublime alors on fait fi de son allure et on regarde !

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On ne s’attarde pas trop malheureusement car le vent souffle fort et on décide de filer vers notre prochaine étape – notre préférée – le Grand Brûlé.

Le Grand Brûlé c’est notre petite cerise sur le gâteau. Ce que la Tour Eiffel est à Paris, le Colisée à Rome, le Machu Picchu au Pérou… Non j’exagère. Mais c’est une région splendide du Sud Sauvage. C’est par ce morceau là de l’île que s’écoulent les laves lorsque le volcan entre en éruption. C’est l’antre de la bête en quelques sortes ! Si on remonte la pente, on arrive directement dans l’enclos du Piton de la Fournaise. On se prend à imaginer des flots de lave rougeoyante dévaler les pentes en face de nous à toute allure. Quel spectacle ce doit être… Cette région est totalement inhabitée et pour cause, la lave a détruit régulièrement tout sur son passage. Passés les lieux-dits du Tremblet et autre, il n’y a plus âme qui vive, place à la force de la nature ! Des forêts ont repoussé sur les coulées les plus anciennes. 1986, 1978, 2001, 2004… toutes s’entremêlent en un formidable camaïeu de couleurs ocres, grises, pourpres et noires. Là les coulées ressemblent à un tas de grattons friables, branlants et infranchissables ; ailleurs, la lave a séché « lisse ». On peut marcher dessus et admirer les formidables drapés de lave qui se sont cristallisés.

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On part se promener sur la coulée de 2001 et pendant que Louise fait ses premiers pas sur de la lave, je me souviens – nostalgique – avoir déjà marché sur de la lave tellement récente qu’elle en était encore tiède (en 2003). On profite de ces instants d’éternité (combien de coulées de lave sous celle qu’on arpente ? Et combien à venir encore ?) pour casser la croûte à l’abri du crachin et surtout des chiens, bien au chaud dans la voiture. Pendant ce temps, des cyclistes dévalent la route du Grand Brûlé à toute berzingue, nous rappelant à notre triste sort: manger du carri tous les jours, ça fait grossir. Fatalité.

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On quitte cette région à regret – on pourrait rester des heures à suivre des yeux les tracés des anciennes coulées sur les pentes burinées et brumeuses de la montagne –  pour faire un petit arrêt rapide à Notre Dame des Laves, cette église qui a été encerclée par les laves et dont la légende raconte que la lave est entrée par la porte principale et est ressortie sur les côtés. Sans toucher aucun mur. De fait, l’Eglise est bel et bien entourée de lave, mais intacte. A l’intérieur, une réplique de la Vierge au Parasol a été installée en vue de la procession du 15 août (l’originale est en réparation : le dernier cyclone l’ayant abîmée).

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Notre dernier arrêt est pour le splendide Pont de la Rivière de l’Est. Tonton me racontait hier encore comment il avait peur, plus jeune, lorsqu’il roulait sur ce pont en voiture. Aujourd’hui, un pont flambant neuf permet le passage des voitures. Le Pont de la Rivière de l’Est lui, ne sert plus qu’aux piétons. Louise pourra dire qu’elle a roulé sur le pont elle aussi mais… en poussette.  Il apparaît après un virage dans la montagne, comme une vision d’un autre temps. Ce pont, classé, date du XIXe et ressemble à s’y méprendre (dans la technique du moins, pas dans l’ampleur) à d’autres ponts bien plus célèbres ailleurs dans le monde (vous voyez ?). La lumière du jour baisse progressivement et lui donne une allure dorée ravissante.

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Il y a 8 ans, Amandine, Bertrand, Fanny, Guy et moi même avions – comme des centaines d’autres personnes – gravé nos initiales sur ce pont. Et Bingo ! Guy a retrouvé l’endroit. Pour s’y rendre, il faut être face à la mer (qu’on ne voit pas d’ici ceci dit… disons dos à la montagne) et aller vers l’extrémité droite du pont. De la, compter le 11e filin vers la gauche. A C G F B 06. On a rajouté un L et 14 pour compléter le tout !

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Quelques petites parties de « saute en l’air » plus tard, nous voici tous remontés en voiture.

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Il nous reste du chemin pour achever le tour de l’île et il est déjà 16h. Les kilomètres défilent en même temps que les communes : St Benoit, St André, Bras Panon – ou nous avons une pensée émue pour mon Grand Père : ce que ça a du changer depuis 1928… « La Réunion lontan » semble être perdue depuis belle lurette dans les limbes de la modernité ! Pour nous le rappeler, les bouchons refont leur apparition. De Saint Denis à Saint Paul, rien ne roule, c’est infernal. Nous qui devions rentrer avant la nuit, nous sommes pris au piège dans ce flot ininterrompu de voiture. Il y en a beaucoup trop ! Mais où vont tous ces gens ? Enfin, la route des Tamarins se profile et malgré quelques ralentissements un peu crispants, on finit par rouler et arriver à bon port. Il est 19h !

Pour se remettre des émotions de la veille et surtout pour permettre à la princesse de respirer, on décide de s’accorder une journée « molle ». Un petit déjeuner à 11h, de la piscine, des samoussas, de la plage et de la lecture. On passe dans l’après midi à Saint Gilles chez Loulou acheter des gâteaux patate et chouchous ainsi qu’un énorme makatia puis on file « faire du gras » sur la plage de l’Ermitage.

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Et là, surprise ! La plage est « noire » de monde. c’est bien la première fois qu’on voit ça. On se dit que depuis les attaques de requins, les gens se ruent sur les seules plages qui soient sûres car complètement fermées par la barrière de corail. Je me trempe les pieds dans l’eau, qui ressortent complètement bleus (mon dieu qu’elle est froide !) tandis que Guy – ce Breton – file direct faire quelques kilomètres.

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Sur le chemin du retour – et alors qu’on a de la salade à la maison – Guy attrape à la volée un Carri sarcives et bred (pour info, les sarcives sont des lamelles de porc grillées et laquées de miel). On va pas s’en sortir…

On vous embrasse tous, merci pour vos commentaires adorables !

A très vite pour la suite !

Céline, Guy & Louise

PS: Cécile, je me suis brûlée avec… de l’eau qui sortait de la bouilloire ! J’ai beaucoup pensé à toi Sabine d’ailleurs… !

9 réflexions sur “A l’Est, rien de nouveau

  1. Vous avez retrouvé nos marques sur le pont !!! 😀 Ça me fait plaisirs :’) J’espère que vous mangez ma par de carri et de rougaille a chaque fois ! Faite attention aux requins ( les bouledogues sont les plus dangereux, ils peuvent nager en mer comme en rivière … oui je … je referme la parenthèse ) et grossissez bien haha ! Je rigole 😉

  2. Les pieds bleus! Tu sais l’eau froide ça brûle les calories! Bon, t’en as pas besoin mais ça motive qq. fois!
    Quand vous viendrez ici (!!) vous pourrez tester comme elle est bonne :p

  3. coucou vous 3, j’espère que vous profitez bien la bas! On rêverait d’avoir votre beau soleil car ici on en a marre de la pluie et du froid!
    Je ne me lasse pas de voir la bouille de votre fille, j’avoue je m’attarde plus sur ça que sur le paysage… 🙂
    bisous a vous 3

  4. bon je viens de lire comment tu t’étais brulée, donc oublie ma question précédente! sinon je constate que t’es toujours une petite joueuse: tu ne t’es meme pas baigné!! heureusement que Guy était la! 🙂

  5. Salut les ptits loups.
    Que de joie sur vos visages ça fait plaisir, cela contre-balance la morosité sur Paris ..
    Et voir la reunion au travers les yeux de notre petite Louise prend toute sa dimension.
    Plein de bisous.

  6. Je me régale et lorsque que je vois Louise sur les photos elle a l air pleinement heureuse
    Pour les brûlures il y’a mieux que la bi affine il faut que je retrouve le nom et je te le communique
    Continuez à nous faire rêver biz

  7. Petit tour au cap méchant : avez vous croisé ma copine, celle qui dit que nous sommes tous damnés !!

    Ca fait vraiment plaisir de voir les photos, ça fait du bien.
    J’ai montré des photos à mamie, qui a d’ailleurs reçu l’album de Louise.

    Je vous embrasse tous les trois ;))

    Valérie

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